Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

LA TERREUR 193

En effet, cet appel fut promptement entendu, car la Société des Jacobins et la Commune de Paris, empressées à saisir le prétexte qu'elles cherchaient depuis longtemps, s’unirent pour combiner leurs efforts; aussi, le jour même de la publication de l'article de la Feuille de Salut public, c'est-à-dire le lendemain de cette représentation, qui devait être néfaste et funeste au théâtre de la Nation, la Convention nationale était encore une fois appelée à s’occuper de lui à l’occasion de Paméla.

Cette séance ayant eu une influence décisive sur le sort du théâtre de la Nation, nous croyons devoir encore, en raison du puissant intérêt qui s'y attache, reproduire icile procès-verbal contenu dans la Gazette Nationale :

« À la séance du mardi 3 septembre 1793, de la Convention nationale, sous la PRÉSIDENCE DE MAxIMILIEN RoresPigrre, BaArÈRE a demandé que la Convention approuvât un arrêté pris par le Comité de salut public, portant que le théâtre de la Nation serait fermé, que les acteurs et actrices seraient mis en état d’arrestation, à cause de leur incivisme, et parce qu'ils sont soupçonnés d'entretenir des correspondances avec les émigrés, ainsi que François de Neufchâteau, auteur de la pièce intitulée Paméla, et que les scellés seraient apposés sur leurs papiers...

« Le comité a pris cette nuit des mesures pour raviver l'esprit public...

« Le théâtre de la Nation, qui n’était rien moins que national, a été fermé.

« Cette disposition est une suite du décret du 2 août, portant qu’il ne sera joué, sur les théâtres de la République, que des pièces propres à animer le civisme des citoyens.

« La pièce de Paméla, comme celle de l'Ami des Lois, a fait époque sur la tranquillité publique.