Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

194 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

« On ÿ voyait, non la vertu récompensée, mais la noblesse. Les aristocrates, les modérés, les feuillants se réunissaient pour applaudir les maximes proférées par des milords; on y entendait l'éloge du gouvernement anglais, et dans le moment où le duc d’York ravage notre territoire... »

« Le comité fit arrêter la représentation de la pièce. L’auteur y fit des corrections; cependant il y laissa des vers qu’on ne peut approuver, tel est celui-ci :

»

Le parti qui triomphe est le seul légitime.

« Hier, cette pièce fut représentée sur ce théâtre, et l'aristocratie, qui est toujours aux aguets, s'y assembla. « Pendant la représentation, un patriote, un aide de camp de l’armée des Pyrénées, envoyé auprès du Comité de salut public, fut indigné de voir encore sur la scène des marques distinctives de la noblesse, de voir la cocarde noire arborée, d’entendre applaudir à l'éloge du gouvernement aristocratique d’Angleterre. ,

« Il interrompit. — A l'instant, il fut cerné couvert d’injures et arrêté.

« Le comité, à qui tous ces faits furent rapportés, se rappela l’incivisme marqué dans d’autres occasions par les acteurs de ce théâtre, et qu'ils étaient soupçonnés d’entretenir des correspondances avec des émigrés, et fit attention que le principal vice de la pièce de Paméla était le modérantisme ; il crut qu'il devait faire arrêter les acteurs et les actrices du théâtre de la Nation, ainsi que l’auteur de Paméla.

« Si cette mesure paraissait trop rigoureuse à quelqu'un, je lui dirais : « les théâtres sont les écoles primaires des hommes éclairés et un supplément à l’éducation publique ».