Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

LA TERREUR 195

— L'Assemblée applaudit à cette mesure et la confirme — La séance est levée à 5 heures. »

On voit combien les idées de la Convention avaient progressé, par sa complaisance à accepter les étranges théories de Barère, de ce personnage que ses contemporains avaient surnommé l’Anacréon de la Guillotine, le Bel esprit de la Terreur, et dont le boucher Legendre disait : « qu’il se mettait toujours en croupe de ceux qui étaient le mieux montés » (1).

De ce débat, de cette décision de l’Assemblée, ressort, dans tous les cas, bien accentué, bien net, un point de comparaison, d’une haute signification, avec les’ délibérations précédentes relatives à l’Ami des Lois.

Nous avons pu juger, en effet, à quel degré le parti modéré dominait alors, et, par sa majorité, faisait prévaloir ses idées libérales dans la Convention.

Les principes révolutionnaires, le radicalisme absolu de cette époque, développés par Barère, et le décret si peu justifié qu’on vient de lire, à l'égard de la pièce de François de Neufchateau, sont une éclatante démonstration de l'absorption par la Montagne, par le parti des Jacobins, du parti modéré, des Girondins ; ils font de plus pressentir le sort funeste et prochain réservé à ces derniers, dans la lutte impla-

(1) Dans son ouvrage intitulé : Bertrand Barère, Macaulay s'exprime ainsi : « L'impulsion qui le détachait du parti vaincu, pour le jeter dans les bras du parti vainqueur, était irrésistible, comme celle qui attire vers les pays du soleil le coucou et l'hirondelle, quand viennent les mois sombres et froids. La loi qui le soumettait aux caractères énergiques, était celle qui attache le poisson nommé pilote au requin. » — Lors du procès de Louis XVI, Barère avait présidé la Convention pendant la première partie de l'interrogatoire du roi. — À la séance dont nous venons de rendre compte, il agissait comme membre du Comité de salut public, chargé des rapports à la Convention. A la première Restauration, en 1814, il s'empressa de porter la décoration du Lys, qu’il fut un des premiers à arborer.

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