Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

LA TERREUR 197

Plus tard, ils furent transférés : les hommes à Picpus, etles femmes aux Anglaises, rue des FossésSaint Victor.

Quand l’arrêté de clôture du théâtre fut signifié aux comédiens, l'affiche du jour, déjà placardée, annonçait: La Veuve du Malabar et le Médecin malgré lui.

Le 5 septembre et jours suivants, les annonces des spectacles portaient :

Théâtre de la Nation : Relâche jusqu’à nouvel ordre.

Cette mention se répéta jusqu’au 20 frimaire an II (10 décembre 1793), où on voit disparaître même le nom du théâtre de la Nation.

Un seul des Comédiens-Français, Molé, put échapper à emprisonnement. Il est vrai que, prudemment, il avait pris soin d'écrire, à la porte de sa maison de la rue du Sépulchre : « Ici demeure le républicain Molé » (1).

D’autres excentricités de cet intrépide mysüficateur sont racontées par Roger de Beauvoir (Mémoires de M'° Mars. Chap. I.).

Le n° 12 des Révolutions de France et de Brabant, rédigé par Camille Desmoulins, contenait l'annonce suivante :

« Avis important aux femmes grosses. — Une lettre nous est parvenue, signée Parochel, accoucheur, qui dit qu’une femme est accouchée d’un éléphant parce qu’elle a été frappée de l'apparition du sieur Desessarts au moment où il sort de dessous la table du quatrième acte de Tartufe.

« On invite messieurs les Comédiens-Français à vouloir bien, les jours où le sieur Desessaris jouera, en prévenir le publie sur l'affiche, en très gros caracteres. »

Parochel déclara la lettre fausse, Desessarts se fâcha et Desmoulins refusa son cartel, alléguant qu’il lui faudrait passer sa vie au Bois de Boulogne, s’il était obligé de rendre raison à tous ceux auxquels sa franchise déplaisait.

On avait mis, au bas du portrait de l’ancien procureur, cette maxime :

J'aime mieux faire rire les hommes que de les ruiner.

(Histoire de la Comédie-Française, par Etienne et Martainville. — Camille Desmoulins et les Dantonistes, par Jules Claretie, page 125.)

(1) Molé avait été un grand admirateur de Mirabeau, qu’il appelait « le Gluck du discours parlé », et considérait comme un sublime musicien sans notes. f

onde dnetl 05 same ambient oilibn à DR

canal En ÉD nm oh ju