Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

LA TERREUR 199

un grand bruit de rires et de chants : C’étaient les comédiens du Théâtre-Français qui arrivaient le soir de la représentation de Paméla.

Ils étaient accusés de modérantisme, d’incivisme, voire même de conspiration royaliste, pour avoir joué la réactionnaire Paméla.

Ils prenaient leur prison si gaiement que l’un d'eux disait : « Comme nous avons bien joué ce soir! Cette menace d’incarcération nous avait mis en verve. Nous faisions la nargue à nos brutes de dénonciateurs! Nous serons peut-être guillotinés, mais c’est égal c'était une belle représentation! »

Ce sentiment d'insouciance, cette verve hardie, inaltérable, jetant une sorte de fier défi au sort menaçant, n'étaient, du reste, pas rares à cette époque, où la présence continue du péril semblait élever les âmes dans une région sereine et inaccessible à la crainte de la mort.

C’est ainsi que plus tard, après sa condamnation, Danton, dans sa prison, abordant Hérault de Séchelles avec un front joyeux, lui adressa ces paroles : « Quand les hommes font des sottises, il faut savoir en rire. » l

Et, un instant après, se retournant, vers Lacroix et Hérault, Camille et Philippeaux : « On m'envoie à l'échafaud, il faut savoir y aller gaiement. »

N’avait-il pas déjà, lors de sa comparution devant le tribunal révolutionnaire, fait aux interrogations cette fière réponse : « Ma demeure sera bientôt dans le néant. Quant à mon nom, vous le trouverez dans le Panthéon de l’histoire » (1).

(1) Gazette nationale du 4 avril 1794. — Détail bizarre et dramatique : Le jour même où, en compagnie de Danton et Camille Desmoulins, Hérault de Séchelles était exécuté, le Théâtre de l'Opéra national représentait une Sans-Culottide en 5 actes : La Réunion du 10 août ou l'inauguration de la

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