Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

LA TERREUR 201

« Les Comédiens ordinaires du roi sont enfin mis en arrestation, et, sans doute, ces laquais étourdis de l'aristocratie vont subir la peine tardive que provoquaient depuis si longtemps leurs crimes collectifs et individuels envers la Révolution.

« Ce n’est point uniquement pour s’être plu à représenter, dans une république, le triomphe de la noblesse sur l'égalité, que le peuple veut le châtiment. Le spectateur le plus impartial déposera, dans leur procès, qu’ils ont été constamment et audacieusement le point de ralliement de tous les scélérats déguisés en honnêtes gens, c’est-à-dire de cette bourgeoisie lâche et impudente. »

A quelle passion de sectaires se laissaient entraîner ceux qui lançaient, contre les Comédiens-Français, ces accusations aussi violentes qu'imméritées!

C'est ce que fait très justement ressortir M. Edmond Biré, quand, dans son ouvrage : Paris pendant la Terreur, il s'exprime ainsi :

« La Feuille de Salut public et ses dignes émules mettent, volontairement, en oubli les gages donnés, les services rendus à la Révolution par les Comédiens ordinaires du roi. Ce sont eux qui ont joué, le 4 novembre 1789, Charles IX, ou l'Ecole des rois, et le 4 janvier 1791, la Liberté conquise, ou le despotisme renversé.

« C’est le théâtre de la Nation qui, le premier, a mis des religieuses à la scène, qui a donné, le 4 janvier 1790, le Couvent, de Laujon; le 25 février 1791, le Mari directeur ou le déménagement du couvent, de Carbon Flins: et, le 28 mars suivant, les Victimes cloîtrées, de Monvel. »