Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma
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« La tête de la Comédie-Française sera guillotinée et le reste déporté, » avait dit Collot-d'Herbois, en réponse à (Champville, neveu de l'acteur Préville, qui, relâché après arrestation avec ses camarades, se hasardait à solliciter leur grâce auprès de ce féroce Jacobin.
Comédien-auteur, outrageusement sifflé par les Lyonnais, Collot-d'Herbois donnait satisfaction à un sentiment de basse jalousie, inspiré par la supériorité du talent, en prononçant cet horrible arrêt (1).
(1) Collot d'Herbois, qui avait été sifflé comme acteur à Lyon et à Marseille, était aussi auteur dramatique.
Voici en quels termes il se plaignait de ce que sa qualité d'auteur n'avait pas été annoncée à Marseille, à la représentation de sa pièce : M. Rodomont, ou l'amant loup-garou :
« Il est fort aisé de prouver que je ne suis pas bon acteur, parce que je prononce les à trop ouverts, et les e trop fermés; mais les e et les a à part, je soutiens et avoue tous mes ouvrages et, comme le pélican, je suis prêt à m’ouvrir les veines pour l'existence de mes enfants.
« Aix, le 25 novembre 1778.
‘ « COLLOT D'HERBOIS. » Avant de composer la comédie grecque : Le Procès de Socrate ou le Régime de l'ancien temps, avec une préface à Voltaire, représentée, à la date de 9 novembre 1790, sur le théâtre de Monsieur, et de devenir le farouche jacobin acharné à la perte des Comédiens-Francçais, Collot-d'Herbois avait
épanché son lyrisme adulateur sur la Maison de France :
Comme aujourd’hui, que dans cent ans encore Nos enfants chantent ce refrain De tout ce qu’un Français adore : Le roi, la reine et le dauphin.
Il avait aussi fait jouer, sur le même théâtre, le 17 juillet précédent, une pièce nationale en deux actes et en prose : La Famille patriote ou la Fédération, dont l’action commençait le 14 juillet, à quatre heures du matin, au son du canon et des tambours, annonçant la solennité du jour. Ce fut lors de