Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

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204 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

Parmi les invités de cette fête artistique, qui eut du retentissement, figuraient : Vergniaud, Brissot, Roger-Ducos, M.-J. Chénier, Méhul, David, Ducis, Champfort, un grand nombre de députés de la Gironde et d'artistes de théâtres de Paris, notamment Dugazon, M** Vestris, Desgarcins et Candeille.

C'est dans ce salon de la rue Chantereine, que Louise-Julie Carreau, devenue la femme de Talma, depuis le 19 avril 1790 (1), demeurée célèbre par son esprit, ses qualités brillantes, et connue, dans le monde, comme l'héroïne de la Nouvelle Héloïse, seulement sous le nom de Julie, ou la belle Julie, réunissait, grâce à sa grande fortune, une société choisie, distinguée, attirée par le charme de son caractère, plus encore que par celui de sa figure, tout agréable qu'elle fût.

Passionnée pour les arts, les lettres, la philosophie et la politique, elle continuait, comme précédemment, sous l’ancien régime, à réunir chez elle, littérateurs, artistes les plus renommés, et aussi les plus célèbres membres de la Législative (2).

Avec son goût artistique très affiné, grâce aux connaissances sérieuses qu'elle avait acquises des mœurs et des coutumes des Grecs et des Romains, ainsi que des monuments du moyen âge, M"° Talma était parvenue à faire dé leur habitation de la rue Chantereine une sorte de petit musée; la grande galerie, surtout, était ornée de meubles dessinés et exécutés d’après l'antique; d’armes de diverses époques et de diverses contrées (3). Casques et boucliers gau-

(1) Talma avait alors 28 ans, et Louise-Julie Carreau quelques années de plus. Cette union consacrait une liaison antérieure. (2) Arnault, Souvenirs d'un seæagénaire.

(3) Ce goût des beaux-arts fut partagé et conservé par Talma, car, à son décès, le catalogue de sa collection contenait des œuvres de maitres,notamment des tableaux de Porbus,