Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

LA TERREUR 205

lois, yatagans turcs, arcs et flèches indiennes, poignards grecs, etc., formaient des trophées habilement disposés; enfin la garde-robe était aussi riche qu'exactement artistique (1).

De ces réunions date la liaison de Talma avec Condorcet, Gensonné, Guadet, Vergniaud et la plupart des Girondins.

« C’est au milieu d’eux, disait-il, que j'ai puisé une lumière nouvelle, que j'ai entrevu la régénération de monart. Je travaillai à montrer, sur la scène, non plus un mannequin, monté sur des échasses, mais un romain réel, un César homme, s’entretenant de sa ville avec ce naturel qu’on met à parler de ses propres affaires. »

La fête dont nous venons de parler, offerte, par les époux Talma, à Dumouriez, le 16 octobre 1792, était dans tout son éclat, quand elle fut troublée par l'étrange apparition de l’Ami du peuple, du trop fameux Marat, revêtu d'une carmagnole, la tête enveloppée d’un mouchoir rouge, sale, sordide, enfin escorté de plusieurs membres du comité de sûreté générale. Il pénétrait ainsi dans ces brillants salons, pour se donner la satisfaction d’y proférer de scandaleuses et violentes apostrophes, des déclamations démagogiques et des menaces (2).

Coypel, Largillière, Adrien-Brawer, Janinet, des dessins de Duplessis-Bertaux, Isabey, ete., ete. Talma avait adopté pour devise une lune, avec cetteinscription : « Je ne luis que le soir ».

(1) Propriétaire de la maison, rue de la Chaussée d’Antin, habitée par Mirabeau, à sa mort, Julie Talma avait fait ériger à la porte de cette maison le buste « du Démosthène francais ».

(Chronique de Paris, février 1791.)

(2) M=° Louise Fusil, dans les Mémoires d'une actrice, dé = crit ainsi cette scène, dont elle fut le témoin oculaire : «Mie Candeille était au piano, lorsqu'un bruit confus 1nnonça l'entrée de Marat, accompagné de Dubuisson, Pereyra (juif polonais) et Roly, membres du comité de sûreté générale. C’est

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