Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

LA TERREUR 209

Très en faveur auprès des terribles souverains d'alors, le théâtre de la République devait s’efforcer de justifier cette préférence par un choix de pièces en rapport avec les tendances jacobines. Rester en arrière de l’entraînement que nous venons de signaler, n'était donc pas possible à ce théâtre. Aussi, à la date du 6 septembre, il faisait représenter une pièce en trois actes et en vers du citoyen Cammaille SaintAubin : L’Ami du peuple ou les intrigants démasqués. L'esprit qui dominait dans cette pièce est indiqué par l’auteur lui-même, un acteur du théâtre de | Ambigu-Comique, qui qualifie le 31 mai « d’heureuse et nécessaire révolution, » et la mort de Marat de « calamité; » enfin il appelait la vengeance du peuple contre les infâmes partisans du modérantisme, et contre les amis des lois.

Démophile, officier municipal au comité des subsistances, républicain exalté, se trouve en opposition avec son associé, Doucement, politique modéré.

On y trouve des maximes telles que celles-ci, dans la bouche de Démophile :

Oui, même en se vengeant le peuple est toujours juste!

Enfin, la tendance inspiratrice de la pièce se résume ainsi : Un modéré, quel monstre iufâme! Ce mot seul me met en courroux.

Les sans-culottes applaudissent avec frénésie, et conspuent Forcerame, la caricature de Roland, et Césaret, celle de Dumouriez (1).

(1) Avant ceite représentation, et à l’occasion de la mort de Marat, Cammaille Saint-Aubin écrivait : « Marat est mort assassiné et les traitres qu'il a dénoncés existent! J'ai fait un drame intitulé : l’Ami du peuple, ou les intrigants démasqués. Ma pièce, faite il y a deux mois, est depuis huit

12.

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