Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

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nue, etc., contiennent des détails qui ont bien leur intérêt. Ainsi, le costume du fils de Modérantin est celui des jeunes aristocrätes : « Capote carrée, boutonnée par le bas; trois ou quatre gilets, cravate de dentelle, fichu de soie; la queue au milieu de la taille, chapeau rond, et coiffure en muscadin; petites bottines, une badine. Résumé du caractère : « fatuité ridicule. »

Le rival heureux de ce muscadin, Duval fils, est en uniforme national, coiffure en Jacobin; caractère : « ayant toute la fierté d’un républicain. »

Une vieille servante, Manette, qui reproche à Dufour ses propos contre son maître, est indiquée comme « acariâtre et bavarde ».

Enfin, les commissaires, venant opérer l’arrestation, sont : « proprement en bons sans-culottes. »

L'acte civique de ce valet dénonciateur, et l’arrestation qu’il provoque, formaient un dénouement usité dans les ouvrages de Dugazon, et qu’on retrouve, sauf de légères variantes, dans un grand nombre de pièces jouées à ce moment.

Dans l’autre comédie, en trois actes et en vers, de ce même Dugazon, représentée le 25 octobre, et intitulée : l’Emigrante ou le Père Jacobin, l’action se dénoue par l'arrestation des principaux personnages, pour être traduits devant le tribunal révolutionnaire.

Mais, dans cet affolement des esprits, livrés à tous les excès des extravagances jacobines et de leurs saturnales dramatiques, le théâtre de la République semblait vouloir en atteindre le paroxysme.

C’est ainsi qu'à ia date du 18 octobre 1793, deux jours après le supplice de la reine Marie-Antoinette, on y représentait le Jugement dernier des rois, prophétie en un acte de Sylvain Maréchal. Cette œuvre malsaine d’un forcené, est un des plus tristes spécimens de la dégradation de l’art dramatique à cette