Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

LA TERREUR 223

tit-Vanhove, devenue M° Talma, pour le rôle de Monime dans Mithridate. Cette dernière écrivit alors la lettre suivante :

« Les bontés que le public m'a toujours témoignées ont dû me rendre jalouse de paraître devant lui et de chercher à lui plaire. — Ayant fort peu de rôles, j'ai cru pouvoir réclamer le droit que j'ai sur celui de Monime, mais comme un journal revient sans cesse sur cet article, et que je crains qu'il ne donne à l'opinion publique une direction qui pourrait m'être défavorable, je profite de cette circonstance pour déclarer que j'offre à M'° Duchesnois, non seulement le rôle de Monime, mais encore tous ceux de mon emploi, même ceux qui m'ont été donnés en propriété par les auteurs.

« Femme TaLma. » Novembre 1804.

Trouverait-on beaucoup d'exemples d’un pareil désintéressement, dans le monde du théâtre? Et n’y voit-on pas, en tous cas, une éclatante protestation contre cet adage, dont les jalousies, les rivalités, les compétitions ardentes entre comédiens avaient rendu application trop fréquente : homo homini lupus, femina feminæ lupior?

À partir de son entrée au théâtre de la République, on voit son existence intimement liée à celle de Talma; cependant, ce ne fut qu'après leur double divorce, le sien avec Louis Petit, prononcé le 26 avril 1794, et celui de Talma avec Julie Carreau, qui eut lieu seulement le 6 février 1801 (1), qu’elle épousa Talma, le

(1) Déjà, longtemps avant cette époque, à l’affection de Talma pour sa femme avait succédé une complète indifférence, conséquence de sa passion pour Me Petit-Vanhove. Mais il n’en était pas de même dans le cœur de sa femme, car voici en quels termes attristés Julie Talma, cet esprit si distingué, délaissée par son mari, raconte à une amie l’agonie de son

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