Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

24 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

16 juin 1802, et sut porter, sans faiblir, et non sans éclat, le grand nom de son mari.

Au milieu des pièces excessives, enfantées par les passions du moment et jouées sur ce théâtre, il en est une qui, toutefois, se distingue des autres par un véritable mérite littéraire : C’est Epicharis et Néron ou Conspiration pour la Liberté, tragédie de Legouvé, représentée le 16 pluviôse an II (4 février 1794).

Déjà le même auteur avait fait jouer, en 1792, une tragédie, la Mort d’Abel, peinture du premier meurtre, à la veille de la Terreur. Cette nouvelle pièce obtint un vrai succès, surtout auprès des gens de goût qui, à ce moment, se hasardaient encore dans les théâtres.

Legouvé avait dédié son œuvre à la Liberté en vers brûlants :

Liberté! C’est par toi que me fut inspiré Cetécrit où parle mon âme. Sur ton autel je pris la flamme Dont Pison parut pénétré. J'allumai mon talent à ton flambeau sacré ; Du public indulgent si j’obtins le suffrage, Au pied de ton autel je reviens incliné Déposer le laurier que ton nom m'a donné; L’hommage t'en est dû puisqu'il est ton ouvrage, Et qui ne se sent pas à ta voix entrainé?.…

amour et la douloureuse cérémonie du divorce : « Nous avons « été à la municipalité dans la même voiture; nous avons « causé, pendant tout le trajet de choses indifférentes, comme des gens qui iraient à la campagne; mon mari m’a donné la main pour descendre, nous nous sommes assis l’un à côté « de l’autre, et nous avons signé comme si c’eût été un contrat ordinaire que nous eussions à passer.

« En nous quittant, il m'a accompagnée jusqu'à ma voiture. — J'espère, lui ai-je dit, que vous ne me priverez pas tout à fait de votre présence, cela serait tropcruel ; vous reviendrez me voir Fo n'est-ce pas? — Certainement, a-t-il répondu d'un air embarrassé, toujours avec un grand « plaisir. » — J'étais pâle et ma voix était émue, malgré tous “ les efforts que je faisais pour me contraindre. »

(Souvenirs d’une actrice, par Louise Fusil, vol. 11.

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