Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

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226 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

Népomucène Lemercier, qui, trois ans plus tard, devait devenir célèbre avec sa tragédie d'Agamemnon, a raconté un incident assez curieux, qui se passa à la première représentation, et dont il fut témoin.

La lutte engagée entre Robespierre et Danton était alors arrivée à son paroxysme d’acuité. Ces deux chefs redoutables de la Montagne assistaient à la représentation: Robespierre, dans une première loge d’avantscène, Danton, à l'orchestre, ayant tous ses amis échelonnés derrière lui.

A peine ces mots : € Mort au tyran! » furent-ils prononcés, que, Sur un signal de Danton, ses amis, éclatant en bravos frénétiques, se tournèrent vers Robespierre, et, peBouT, les poings tendus, lui renvoyèrent ce terrible cri de vengeance.

Robespierre « pâle, agité, avançait et retirait sa petite mine d'homme d’affaires, » (suivant l’expression de Lemercier lui-même) « comme un serpent allonge et rentre sa tête plate et irritée ».

La pièce finie, tous les amis de Lesouvé coururent à lui, en lui disant : « Sauvez-vous, cachez-vous, vous êtes perdu, Robespierre ne vous pardonnera jamais cet effroyable anathème. » L'auteur du Mérite des femmes eut le courage de rester, et, sans doute, Robespierre était trop absorbé par sa haine contre Danton pour s’en distraire, car il ne fut pas inquiété (1).

Accentuant encore le décret de la Convention, du > août 1793, le Conseil général de la Commune, en mars 1794, se reconnaît officiellement le droit complet

de censure, et se fait apporter les répertoires des théâtres. Un vandalisme inepte s’exerce alors avec plus d’audace et d’étendue sur une quantité de pièces du répertoire, remaniées et refaites, en partie, au goût du jour et des formules du sans-culottisme. Ainsi

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(1) Soiæante ans de souvenirs, par Ernest Legouvé.