Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

998 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

Art. 2. Elle est pareillement chargée de l'examen des théâtres anciens, des pièces nouvelles, de leur admission. L'administration de police de la municipalité de

Paris et toutes celles de la République, feront parvenir, sans délais, à la commission tous les registres et répertoires relatifs aux pièces de théâtre. _ Art. 5. Il sera nommé, pour chacun des théâtres de l'Opéra national, rue de la Loi (l'Opéra), et de l'Egalité, faubourg Saint-Germain (La Comédie-Française), un agent national, qui aura la surveillance générale sur les propriétés nationales confiées aux artistes, sur leur conduite publique, morale et politique, sur l'exactitude des recettes et des payements aux artistes, sur l’ensemble de leurs opérations, et surtout ce qui concerne le service public... »

C'est surtout alors, en vertu de cet arrêté, qu'on voit se produire un redoublement d’énormités.

Ainsi, le troisième acte de la Mort de César est presque complètement refait par Goyer, depuis membre du directoire, qui n’hésite pas à supprimer tout le discours d'Antoine, déclaré modéré et contre-révolutionnaire. Le dernier acte de Tartufe est également mutilé et modifié; à ce vers, de la fin du cinquième acte :

Nous vivons sous un prince ennemi de la fraude.

l'acteur Molé substitua celui-ci : Ils sont passés ces jours d’injustice et de fraude.

Les vers du Misanthrope, de la Métromanie subissent les changements les plus baroques. Guillaume Tell, de Lemière, lui-même, n'est pas à l'abri des corrections, bien qu’on l'ait orné de ce sous-titre : Ou les sans-culottes suisses. Mahomet, de Voitaire, est définitivement défendu, « comme chef de parti ».