Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

LA TERREUR | 231

ment : Fénelon, accusé d’énerver l’énergie républicaine et de favoriser le fanatisme, Henri VIII, Calus, Andromaque, Phèdre, Britannicus, Mérope, Zaire, Macbeth, Bajaset, le Malade Imaginaire, Tancrède, la Vestale et bien d’autres. C’était pratiquer « l’Hébertisme des arts », disait-on.

On trouve dans la Feuille de Salut public, organe des Jacobins, à la date du 3 frimaire an 11 (25 novembre 1793), le conseil suivant, qui pouvait passer pour un ordre : « Nous engageons les citoyennes, celles. surtout qui sont attachées aux spectacles, à ne plus. porter de croix, lorsqu'elles jouent des rôles de villageoises, ce signe de fanatisme, dont le luxe avait. fait une parure, doit être à jamais proscrit ».

Un peu plus tard, le octodi floréal an IT, les administrateurs de police, chargés de la surveillance des spectacles, adressaient à tous les théâtres une circulaire contenant le passage suivant :

… « Nous vous enjoignons expressément, citoyens, au nom de la loi et sous votre responsabilité personnelle, de faire disparaître sur-le-champ de toutes vos pièces de théâtre, soit en vers, soit en prose, les titres de duc, baron, marquis, comte, Monsieur, Madame, et autres qualifications proscrites, ces noms de féodalité, émanant d’une source trop impure pour qu'ils souillent plus longtemps la scène française (1). »

On vit alors M.-J. Chénier, lui-même, compromis auprès de Robespierre, passer pour un modéré dangereux. Aussi, bien que sa tragédie de Timoléon fût mise à l'étude au théâtre de la République, et que la première représentation en eût été annoncée sur les affiches de théâtres et dans les journaux pendant près d'un mois, il ne put parvenir à la faire jouer.

Avisé, en effet, que des allusions blessantes à son

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(1) Archives nationales.