Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma
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omnipotence, étaient contenues dans cette tragédie, Robespierre dépêcha à la répétition générale un de ses affidés, le conventionnel Jullien, de Toulouse.
Très mal impressionné déjà, celui-ci ne putcontenir sa colère quand on arriva à ce vers :
Je ne vois plus en toi qu'un lâche ambitieux.
« Chénier, s’écria-t-il, tu n’as jamais été qu'un contre-révolutionnaire déguisé ! » et il se retira. La répétition fut suspendue. Puis le rapport ci-après fut adressé à Robespierre par Payan, agent national près la Commune de Paris :
Au citoyen Robespierre, membre du Comité de salut public, ou en son absence, à son collègue Collot, à Paris.
Paris, le 9 germinal an II de la République Française.
« Je vous adresse, citoyen, la décision des administrateurs de police, relativementàla pièce de Timoléon, de Chénier. Je vous prie de la lire avec attention ; la représentation de cette tragédie produirait, je pense, le plus mauvais effet; les poètes se modèleraient sur Chénier, et nous ne verrions bientôt plus, sur le théâtre, que des rois honnêtes gens et des républicains modérés. Belle leçon à présenter au peuple ! Beaux exemples à lui donner!
« Salut et fraternité :
« Payan (1). » Non seulement Timoléon fut défendu par ordre du
Comité de salut public, mais encore Chénier $e trouva contraint de livrer son manuscrit auxfl ammes, devan
(1) Archives nationales,