Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

LA TERREUR 235:

Alors, à des retards qui excitaient l’impatience des spectateurs remplissant la salle, le régisseur venait donner l'explication suivante :

« Notre camarade X... est au comité de sûreté générale dans l'intérêt de la République » ou bien encore : « Notre camarade X... est de service auprès du général Henriot. » Etle public attendait. Il advint même parfois que, trop en retard, ces comédiens fonctionnaires ne prirent pas le temps de se costumer et jouèrent leur rôle revêtus de leur uniforme (1).

La comédie, en un. acte et en vers, de Collin d'Harleville, Rose et Picard ou la suite de l’Optimiste, représentée au théâtre de la République, le 28 prairial an IX (16 juin 1794), au point culminant de la Terreur, presqu’à la veille du 9 Thermidor, contenait la peinture d’une République qui n’était pas précisément celle existant alors.

Agathon, c’est l’optimiste toujours bon, aimable et satisfait, quels que soient les événements qui se produisent. Morinval, son voisin, c’est le moraliste qui, quoique patriote, déclame contre tout ce qui le choque.

Agathon lui en exprime ainsi son étonnement :

Mais, mon cher Morinval, sous l’ancien régime, Tu ne voyais partout qu'erreur, misère ou crime, À t’entendre, en un mot, tout était mal. Eh bien! Lorsque tout est changé, tu dois trouver tout bien.

(1) Laharpe, lui-même, ne craïgnit pas de venir sur le théâtre de la République, le bonnet rouge en tête, et dans le costume du sans-culotte le plus prononcé, hurler un hymne patriotique de sa composition, et recevoir les applaudissements d'une foule d’énergumènes, dont les sérophes vigoureuses échauffaient encore le fanatisme.

(Histoire du Théâtre-Français, par Etienne et Martainville.)

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