Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

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242 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

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qui, avecun stoïcisme antique, semble saluer, au seuil

-de la mort, les ombres de ses illustres amis, les Gi-

rondins, et murmure, en abaissant sa tête sous le couperet : « Pauvre liberté, que de crimes on commet en on nom!» c'est M”° Roland, toujours belle, pleine de charmes, jeune encore à trente-neuf ans.

Puis, apparaît la vierge normande, l'ange de l’assassinat, suivant la poétique expression de Lamartine : c’est aux grondements et aux éclats sinistres du tonnerre, à la lueur fauve des éclairs, que la tête gracieuse et charmante de Charlotte Corday s’incline à son tour sur la planche fatale.

Cet ancien ministre de la justice, dont l’éloquence rude et puissante le fit surnommer le Mirabeau populaire, qui avait avec le célèbre tribun une autre similitude : la laideur, la laideur grandiose, c’est Danton !

Devant la guillotine, le 5 avril 1794, il dit fièrement au bourreau : « Tu peux montrer ma têle au peuple, elle en vaut la peine. Il n’en voit pas de pareille tous les jours! »

Un mois après,le 10 mai, c’est la sœur de Louis XVI, cette princesse à l’âme tendre et fière, dont aucun soupçon n’effleura même la pureté, Madame Elisabeth, qui, à l’âge de trente ans, monte à son tour, sans faiblesse, sur l’échafaud, au pied duquel lui fut seulelement révélée la mort de la reine, par la conversation de deux femmes du peuple.

Enfin, à la limite extrême de cette ère funèbre de la Terreur, c’est le jeune poète inspiré, dont les vers harmonieux ont su faire revivre dans toute sa grâce et son charme divin la poésie de la Grèce antique, le chantre de la Jeune captive, cette délicieuse élégie, André Chénier, qui, au moment de livrer sa tête au bourreau, laisse échapper ce cri de désespérance en se frappant le front : « Et pourtant il y avait quelque

chose là! »