Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

LA TERREUR 2A3:

Et cette tête précieuse, si pleine de pensées généreuses et sublimes, qu’un retard de quarante-huit heures eût sauvée, roule sous le couperet.…

Voilà le drame réel, vivant, palpitant, aux émotions profondes, aux sensations bien autrement poignantes et terribles que celles du drame conventionnel au théâtre!

Remarquons, toutefois, qu’en accomplissant, par ces deux sentences régicides, ce qu'elle considérait comme un acte politique, inéluctable et de salut public, la Convention n'avait pas encore perdu tout sentiment d'humanité. En voici la preuve :

Le roi est condamné à mort et exécuté en face de son palais, sur la place de la Révolution, — c’est l'acte politique.

Mais, à la suite, vient le fait religieux : la Convention juge convenable qu'il soit célébré un service funèbre pour cet homme, pour ce chrétien qui vient de sortir de la vie de terre, pour aller à Dieu, pour entrer dans l'éternité. Elle ne pense pas qu’on puisse jeter ce corps d'homme chrétien dans un trou, comme la charogne d’un chien.

La Convention ordonne donc à l'Église, au clergé, d’honorer ce mort, ce supplicié, par une cérémonie religieuse, de le recommander à Dieu par des prières.

Surses ordres, un service funèbre, pour Louis XVI, est donc célébré par les prêtres de la Madeleine, auxquels on livre ce corps décapité. Ils le conduisent au cimetière, et chantent les vêpres devant la fosse; enfin, ce n’est qu'après que les prières des morts ont été dites, en présence d’une foule recueillie et respectueuse, que « le corps de Louis XVI, ajoute encore Barras dans ses Mémoires, fut précipité dans la citerne affreuse, appelée le cimetière de la Madeleine, et détruit par la chaux, ainsi qu’il résulte des procèsverbaux de la commune ». Et cela dans la crainte que