Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

LA TERREUR 245

Culottes. Dans la rue Saint-Martin, la procession est sortie de l’église Saint-Leu... Nos concitoyens des halles s'étaient concertés pour tapisser. On se jetait à genoux... Tout le monde approuvait la cérémonie, et aucun, que j'ai entendu, ne l’a désapprouvée... »

Voilà donc la procession de la Fête-Dieu circulant librement, à la date du 30 mai 1793, avec la permission, la protection du gouvernement républicain, et sous les yeux de la police.

Mais, quelques mois après, les prêtres sont arrêtés, déportés, les églises fermées, Notre-Dame et SaintRoch livrées aux saturnales d’un culte scandaleux, où figuraient, comme déesses de la Raison, les citoyennes Maillard et Aubry, de l'Opéra.

C’est, en effet, à la date du 20 brumaire an II (10 novembre 1793), que les fêtes dela Raison furent instituées et substituées aux cérémonies du culte catholique (1).

Cependant, ce sont les mêmes hommes qui ont prescrit et ordonné ces ordres de faits si divergents!

« C'est que, dit un historien de la Révolution, l'esprit révolutionnaire est comme un virus qui s’infiltre dans le corps, se développe et envahit toutes ses parties. Peu vigoureux au début, on peut le combattre et en triompher; quand il a pénétré dans tous les pores, il est inexpugnable, il infecte, il corrompt, il détruit tout ce qu’il touche. »

Aussi, comprendra-t-on quelles durent être les angoisses, dans leur prison, de ceux qui formaient cette tête de la Comédie-Françuise, vouée au supplice, de-

(1) Cette inauguration eut lieu, par une fête brillante, dans l'église Notre-Dame, ayant pour promoteur Anacharsis Clootz, « l'avocat de l'humanité », et Chaumette, balançant un encensoir devant la déesse de la Raison, représentée par une artiste de l'Opéra. Le personnel de ce théâtre y figurait, et chanta une hymne de Chénier, mise en musique par Gossec.

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