Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

248 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

Les dossiers relatifs aux détenus qu'on traduisait devant le tribunal révolutionnaire étaient, en dernier lieu, déposés à son bureau.

C'était Labussière, chargé de numéroter et enregistrer ces pièces, qui les remettait tous les jours, à deux heures après midi, à un membre de la commission populaire; quarante-huit heures après, les détenus se trouvaient en jugement, et, presque infailliblement ensuite, conduits à l’échafaud.

Sans reculer devant le péril de mort qu’il affrontait, il résolut de se: dévouer pour sauver la vie d’un certain nombre de détenus, notamment des Comédiens-Français. Et voici l’ingénieux moyen qu’il employa :

Sur une vingtaine de dossiers qu'il avait à livrer, il en cacha un certain nombre; et, comme le nombre augmentait incessamment, il imagina de venir, la nuit, à son bureau, alors que le Comité de salut public était en séance ; de faire tremper dans un seau d’eau les pièces cachées par lui, de.les réduire en pâte, divisée en cinq ou six boules dont il emplissait ses poches ; puis, le matin, il se rendait dans un établissement de bains, et cette pâte de papier, subdivisée

blique, venu apporter les drapeaux conquis à Fleurus et des dépèches pour le citoyen Carnot, est surtout remarquable et commence ainsi :

Lagussière, à Martial.

« Ah! vous êtes heureux, vous autres soldats, vous ne voyez « de la Révolution que ses grandeurs et ses vertus ! nos armes « triomphantes et les aigles royales fuyant partout devant le « drapeau tricolore. Retourne à l’armée, va! C’est là qu'est « le pur patriotisme! Tu ne verras ici que de quoi désoler « une âme vraiment républicaine comme l’est la tienne! »

Puis Martial fait le récit coloré de tout ce qui l’a frappé et attristé, à la Convention, aux Jacobins, et dépeint l'aspect énéral de Paris, des Tuileries, des Champs-Elysées, du Palais-Royal, des Théâtres, etc.