Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

PÉRIODE THERMIDORIENNE. — DIRECTOIRE 259

mant la base essentielle de toute toilette recherchée ou négligée (1)?

Une autre, à la fin d’un souper chez le directeur Barras, avait parié que son léger costume : bagues, bijoux et cothurnes compris, pesait moins de deux écus de six livres; et, se déshabillant séance tenante, elle avait gagné son pari.

A vêtements aussi légers, femmes légères naturellement! Pouvait-il en être autrement ?

Sous la dénomination de « Notre-Dame de Thermidor », M"° Tallien trônait, au milieu d’une foule d'adorateurs, dans une petite maison appelée la Chaumière, au bout de l'allée des Veuves, près du Cours-la-Reïne et cachée par un massif de peupliers et de lilas. Bien dans le goût du jour, l’intérieur représentait l'aspect décoratif d’un temple grec, et les toilettes des femmes qui s’y réunissaient était aussi toutes copiées sur l’antiquité grecque ou romaine la plus pure.

A l’une de ces réunions, rappelant son incarcération dans une prison de Bordeaux, où elle avait été mordue par les rats, « Notre-Dame de Thermidor » montrait à ses adorateurs ses pieds nus, élégamment chaussés de la sandale antique, et leur disait, avec ce sentiment de coquetterie raffinée qui était un de ses charmes : « Si vous regardiez bien, vous verriez les dents des rats de Bordeaux. »

C’est aussi dans ce salon que le chanteur à la mode, Garat, venait roucouler ses romances sentimentales : Le Délire d'amour, inspiré à Fabre d’'Eglantine, par la séduisante soubrette de la Comédie-Française.

(1) On lisait dans Paris, décembre 1796 : « Voilà plus de 2,000 ans que les femmes portaient des chemises; cela éiait d’une vétusté à périr. »