Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

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Marie Joly, Bouton de rose (1), et, surtout, soupirer-

son refrain favori : J'aime mon mal, j'en veux mourir !

Il retrouvait, dans ce milieu nouveau, le même succès de sympathie et d'enthousiasme qui, précédemment, l’accueillait aux soirées de Trianon, où raffolait littéralement et du chanteur et de ses romances l’entourage de Marie-Antoinette, cet entourage où brillaient au premier rang : M de Lamballe, « si séduisante », la « toute belle princesse de Guéménée », la duchesse de Lauzun, la « charmante Polignac », et bien d’autres emportées par la tourmente révolutionnaire. Enfin là, se réunissaient toutes les célébrités, notamment : Barras, Féron, Cherubini, Lacretelle, M.-J. Chénier et Méhul, les auteurs du Chant du départ, Talma et sa femme Julie Carreau (2).

Lié d’amitié avec le grand tragédien, le général

(1) Romance de la princesse de Salm (Constance Pipelet de Leury), que Chénier avait surnommée « la Muse de la Raison >, et dont voici un couplet :

Au sein de Rose Heureux bouton, tu vas mourir! Mais si j'étais bouton de rose, Je ne mourrais que de plaisir

Au sein de Rose.

Ce chanteur, dont on ne vantait pas la modestie, avait juré qu'il ne chanterait plus Bouton de Rose en publie, à cause des déclarations qu'il recevait, le lendemain, en si grand nombre, que son secrétaire ne pouvait suffire à y répondre.

Garat avait été arrêté, sous la Terreur, en 1793, pour avoir chanté une romance où l'on prétendait trouver des allusions à Marie-Antoinette, et commençant ainsi : .

Vous qui portez un cœur sensible...

(2) Mme Sophie Gay, qui a été des salons de Mre Tallien, a rappelé, avec beaucoup de vérité, que, de thermidor an Il jusqu'à vendémiaire an III, cette femme fut reine de France.

(Madame Tallien, par ArsèneHoussaye.)