Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

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266 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

Le public crie aussitôt : « Lisez le papier! » Et, en même temps, on désigne comme lecteur, Fusil, comédien subalterne, deuxième comique, s'étant signalé à Lyon par ses excès révolutionnaires, sous le proconsulat de Collot d’'Herbois, et qui dans la pièce : Crispin rival de son maître, devait en jouer le rôle, Mais Fusil se trouble, sentant monter à lui l’antipathie du parterre, et ne peut parvenir à faire la lecture demandée. On réclame alors Dugazon, puis Gaillard, directeur du Théâtre; leur absence est annoncée par Talma, Talma, l'ami des Girondins. Le grand artiste, prié de faire la lecture, tandis que Fusil, à genoux et en tremblant, l’éclaire avec un flambeau, déclame de sa voix puissante et avec ses accents les plus dramatiques les vers contenus dans ce papier jeté sur la scène (1).

Ce sont des strophes brülantes et vengeresses à l'endroit des terroristes. En voici les deux dernières, qui suffiront pour donner une idée du ton général de

l'œuvre :

Ah! qu'ils périssent ces infàmes, Et ces égorgeurs dévorants,

Qui portent au fond de leur âme Le crime et l'amour des tyrans! Mânes plaintifs de l'innocence, Apaisez-vous dans vos tombeaux. Le jour tardif de la vengeance Fait enfin pàlir vos bourreaux. Voyez déjà comme ils frémissent! Ils n'osent fuir, les scélérats!

Les traces du sang qu'ils vomissent Bientôt décèleraient leurs pas.

(1) C'était, dit la Gazette nationale de France, un spectacle remarquable que celui de voir un des acteurs de la tyrannie de Robespierre, en habit de Crispin, dans la posture d’un coupable qui fait amende honorable, et forcé de prêter serment au régime nouveau de la justice et de la liberté.