Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

268 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

séance, il est entonné en chœur dans les tribunes, sans que le président essaie de s’y opposer.

L'auteur des vers était Souriguières, dit de SaintMarc, jeune auteur presque inconnu, qui, en 1792, avait donné au théâtre du Marais une assez mauvaise tragédie, Artémidore ou le Roi-Citoyen.

Cependant, l'acteur Fusil n’accepta pas avec résignation la scène outrageante qu’il avait subie. Sa protestation et sa défense se produisirent dans la lettre suivante :

AUX RÉDACTEURS DU € JOURNAL DES THÉATRES » Paris, le 8 pluviôse, l’an III° de la République.

« Ma conduite à Lyon paraît avoir provoqué la scène qui à eu lieu, le 5, au théâtre de la République. Je n’examinerai point s’il eût été juste de m’entendre, puisqu'on avait entendu mes accusateurs : je n'ai pu répondre à des hommes passionnnés; je vais instruire des lecteurs qui ne cherchent que la vérité.

« Il y avait à Commune-Affranchie un tribunal composé de sept juges; ce tribunal condamnait à mort. On assure que j'en étais membre; je déclare que c'est un mensonge insigne, et je défie ceux même qui m'inculpent d'alléguer un fait contraire. J'étais d’une commission dont tous les pouvoirs se bornaient à surveiller les autorités constituées, et

à mettre en liberté; elle n’avait le droit d’infliger

aucune peine.

« Les représentants du peuple avaient divisé cette commission; une moitié était permanente, l'autre parcourait les départements voisins, afin d'approvisionner Lyon, qui était totalement privé de subsistance. J'étais de cette dernière, et, pendant trois mois, j'ai rempli avec zèle la mission importante qui m'était confiée,