Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

PÉRIODE THERMIDORIENNE. — DIRECTOIRE 269

« Tandis que nous servions la République, nous

étions dénoncés à Robespierre, à Couthon et à SaintJust, qui, sur les rapports de leurs agents, nous accusèrent eux-mêmes plusieurs fois aux Jacobins de favoriser les rebelles. Comment concilier cette dénonciation des triumvirs avec les inculpations consignées dans la pétition des Lyonnais ?

« Au surplus, je demande que désormais ce nesoit point avec des épithètes banales que l’on me traduise au tribunal de l'opinion publique.

« Je me suis acquitté de mon devoir ; j'ai pu, j'ai dû même choquer quelques intérêts particuliers, pour être utile à ma patrie; mais je ne crois pas que des républicains puissent me reprocher une action dont j'aie à rougir. S'il en est, qu'ils m'attaquent, que la signature me réponde du calomniateur, et je me charge de le confondre.

« Fusiz (1). »

Talma lui même, que la réaction avait d’abord épargné, fut bientôt atteint par cet entraînement des esprits trop violent pour être toujours juste.

Des ennemis personnels du grand artiste lancèrent contre lui cette grave accusation d’avoir usé de son influence et de son crédit pour provoquer les persécutions dont ses anciens camarades du théâtre de la Nation avaient été victimes (2).

(1) Journal des Théätres, du 12 pluviôse an III (31 janvier 795).

(2) Trial, artiste distingué de l' Opéra-Comique qui, lui aussi, avait embrassé avec ardeur les idées rév olutionnaires, fut, de même que Fusil, que Talma, exposé également à une manifestation hostile, en plein théâtre. La Gazette française, dans

son numéro du à pluviôse an IT (27 janvier 1795), la rapporte.

en ces termes :

« Quelques personnes timorées croient qu'il n’est pas sûr de siffler les comédiens tant que Collot d'Herboïs n'aurait subi la peine des forfaits dont on l’accuse : on sait ce qu'il en a coûté

ic nl

1 4 :