Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

| Li ; |

ET MES Re

NE LPS

FC PU TL nn mul ECO À 7

270 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

Un soir où il paraissait dans le rôle de Néron de la tragédie de Legouvé, Epicharis et Néron, entendant s'élever des murmures improbateurs, il sentit la nécessité de se justifier vis-à-vis du public et de faire une sorte d'amende honorable; s’avançant vers la rampe, il s’exprima ainsi :

« Citoyens, j'avoue que j’ai aimé et que j'aime encore la liberté. Mais j'ai toujours détesté le crime et les assassins; le règne de la Terreur m'a coûté bien des larmes, et la plupart de mes amis sont morts sur l’échafaud. Je demande pardon au public de cette courte interruption; je vais. tâcher de la lui faire oublier par mon zèle et par mes efforts. »

Prenant la défense de Talma contre les attaques odieuses des muscadins et des royalistes, Rœderer écrivit ce qui suit, dans le Journal de Paris, à la date du 25 mars 1795 :

« Primidi, les royalistes, accompagnés de quelques étourdis, sont venus au nom de la Comédie-Française, que ces manœuvres offensent, prendre impudemment possession du théâtre de la République, en déclarant qu'ils en expulseraient les principaux acteurs, notamment Talma, qu'ils savent être chargé d’un rôle principal dans une nouvelle tragédie de Ducis, dont l'envie prévoit et craint le succès (1). Ils ont répandu la calomnie avec audace; les uns ont

aux Lyonnais pour avoir sifflé autrefois ce grand complice de la tyrannie. |

La jeunesse parisienne n'a point été arrêtée par cette crainte. Il est glorieux d'attaquer le crime, lorsque le crime est encore debout. On a répété hier, au théâtre des Italiens, la scène qui avait eu lieu la veille au théâtre de la République. On a forcé Trial, comme on avait forcé Fusil, à lire des vers contre les buveurs de sang humaïn. Il nous semble que les deux avertissements sont plus que suffisants pour éclairer à l'avenir les artistes qui seraient tentés d'abandonner le théâtre, pour venir répéter leurs tragédies sur l'autel de la patrie. »

(1) Abufar ou la Famille Arabe.