Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

PÉRIODE THERMIDORIENNE. — DIRECTOIRE 271

accusé Talma de terrorisme, lui, que l’amitié a uni à Ducos, à Fonfrède, à Gensonné, à Guadet, et qui n’a cessé d'entretenir des relations d'amitié, par luimême et par sa femme, non moins sensible que lui, avec leurs malheureuses veuves; lui, qui fut confident de la retraite de plusieurs proscrits au nombre desquels je suis, et les a consolés dans leur asile. Les autres l'ont accusé d’avoir attiré sur la Comédie- Française les persécutions du gouvernement décemviral, tandis que ces persécutions lui firent oublier des querelles qui l'avaient éloigné de ses anciens camarades, et renouer des liens d’amitié que ces querelles avaient rompus. Le lendemain les applaudissements du public, provoqués par des jeunes gens de la majorité ont vengé Talma de ces insultes, et la propriété des actionnaires du théâtre a été maintenue. Mais l’insulte n’en a pas moins eu lieu. »

Dans le même numéro du Journal de Paris, paraissait une lettre d’une actrice du théâtre de la Nation, M'® Contat, ainsi conçue :

Paris, ce 3 germinal de l'an III de la, République.

« Ce fut à l’époque même de notre persécution que je reçus de Talma (que je ne voyais plus depuis longtemps), des marques d’un véritable intérêt. Je les jugeai si peu équivoques qu’elles firent disparaître les légers nuages de nos anciennes divisions, et nous rapprochèrent. Je m'empresse de rendre cet hommage à la vérité : puisse-t-il détruire une inculpation que je ne savais pas même exister! Je ne concevrai jamais qu'un artiste spécule froidement sur la ruine des autres, et je pense que Talma n’était pas alors plus disposé à profiter de nos dépouilles que nous ne le serions aujourd'hui à bénéficier des