Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma
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siennes. Je dis nous, sans avoir consulté mes camarades, mais je le dis avec la certitude de n’en être pas désavouée.
« Louise CoNTAT. »
De son côté, Larive qui, bien que ne faisant plus partie de la Comédie-Française en 1793, avait été néanmoins en butte à des persécutions, crut devoir également prendre la défense de son ancien camarade Talma, en adressant au Moniteur universel, à la date du 7 germinal an III (27 mars 1795), la lettre suivante :
« L'article inséré dans le Républicain Français, du 4 de ce mois, me fournit une occasion de rendre hommage à la vérité et justice à un de mes camarades. Loin d’avoir contribué à l'arrestation des Comédiens-Français, Talma a été volontairement audevant du coup qu’on voulait me porter; c’est à ses soins et à son activité que je dois l'avis salutaire qui m'a soustrait aux poursuites des quatre aides de camp d’'Henriot, lorsqu'ils vinrent à ma campagne, me mettre hors la loi, et donner l’ordre de tirer sur moi.
« J’ose espérer que le public, juste et impartial, ne retirera jamais son estime à ceux qui sont dignes de sentir qu'il n’est point de bonheur pour l’homme de bien sans l'amour de ses semblables.
« Maupuir Larive (1). »
(1) Le trait suivant est une nouvelle preuve que Larive était non seulement un artiste de talent, mais encore un homme de cœur :
En pleine Terreur, la célèbre Clairon, alors âgée de 70 ans et dans la plus profonde détresse, s'était réfugiée à Saint-Germain. Un soir on frappe à sa porte; après quelques hésitations, elle se décide à ouvrir; un homme vêtu en charbonmer se présente, dépose un sac contenant du riz et de la farine, puis F retire, sans mot dire; c'était son camarade et son élève,
arive.