Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

PÉRIODE THERMIDORIENNE, = DIRECTOIRE 213

Ces deux lettres, empreintes d’un louabte sentiment de confraternité, complétèrent la justification du grand tragédien.

Mais plusieurs autres artistes, notamment Desrozières, Monvel, Julie Candeille, et surtout Michot, objet de la haine des Thermidoriens, furent aussi exposés aux outrages des contre-révolutionnaires, qui avaient leur centre de réunion au théâtre de la République. À ce sujet le Journal des théâtres s'exprime ainsi :

« C’est le 1° germinal que les jeunes gens allèrent au théâtre de la République dire qu’ils en expulseraient certains acteurs... Le lendemain, Talma a chanté le Réveil du peuple, et les applaudissements du public l’ont vengé des insultes de la veille. »

Voici comment les faits relatifs à Michot étaient rapportés :

« Le 3 germinal, on a demandé le Réveil du peuple; Michot s’est présenté; mais avant de répondre aux vœux des spectateurs, il a déclaré que depuis trop longtemps il était poursuivi par la calomnie, et qu’il voulait enfin dissiper les nuages dont on cherchait à couvrir sa conduite politique. Il a fait avec énergie sa profession de foi : le gouvérnement républicain, non celui que la férocité voulait élever sur des cadavres entassés, mais bien celui qui doit assurer le bonheur commun, voilà le gouvernement que Michot a juré de défendre. Après cet aveu de ses opinions, il a dit qu'il avait arraché quarante-trois personnes incarcérées à la fureur du tribunal Dumas, et que, sans les démarches qu’il avait faites, le machiniste du théâtre de la République eût été la victime des mesures prises par les décemvirs. Il a rendu compte d’une mission qui lui a été donnée l’année dernière par les représentants du peuple; quatorze artistes du jury des arts, du nombre desquels il était,