Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

PÉRIODE THERMIDORIENNE. — DIRECTOIRE 271

il fait tête à l’orage, mais, à titre de riposteet de défi, il lance sa perruque dans le parterre.

Irrités et menaçants, les spectateurs, l’un d’eux l'épée à la main, escaladent alors la scène; les partisans etles acteurs intervenus séparent les champions, ce qui permet à Dugazon de se dérober par la fuite à leur fureur (1). :

Une autre fois, il jouait le rôle du valet dans les Fausses confidences, A cette phrase que lui adresse son maître : « Nous n’avons pas besoin de toi, ni de ta race de canaille!..… » éclate soudain, en la soulignant, une triple bordée d’applaudissements ironiques, longtemps prolongés.

L'acteur Fusil, la doublure de Dugazon au théâtre et en politique, considéré comme l’âme damnée de Collot d’Herbois, chaque fois qu’il paraît en scène est sifflé, hué, injurié et accablé du poids de l’exécration publique. De toutes parts on lui crie : « A bas le brigand! à bas l'assassin! » et cela malgré tous ses efforts pour se disculper des accusations passionnées accumulées sur sa tête, et les explications contenues dans la lettre rendue publique que nous avons reproduite. Le fait répété de jeter sur la scène des papiers, dont le parterre réclamait à grands cris la lecture, était devenu une cause incessante de tumulte, de troubles et même de conflits violents sur un grand nombre de théâtres. Cet incident se renouvelait fréquemment, surtout au théâtre de la République, là où nous l'avons vu se produire, aux premiers jours

de la réaction, à l’occasion du chant le Réveil du

(1) Alors on a demandé que Dumas chantât le Réveil, ce qu'il à fait; il à été vivement applaudi; le couplet des repréSentants a d’abord été applaudi ; quelques voix ont dit : « Pour les bons députés, à la bonne heure! »

(Rapports journaliers de la police, Schmidt, T. Il.)

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