Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

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peuple, dont la lecture, imposée à Fusil, eut lieu, à son défaut, par Talma.

Pour mettre, autant que possible, obstacle aux manifestations contradictoires et bruyantes soulevées par la lecture de ces papiers, exigée des acteurs, le Comité de sûreté générale résolut de prendre des dispositions formulées dans l'arrêté suivant, portant la date du 24 pluviôse an III (12 février 1795) :

« Le Comité, ayant considéré qu'il serait possible « qu’à la faveur de certains écrits inpromptu jetés « sur les théâtres, dans les entr’actes des pièces an« noncées sur les affiches des spectacles, la malveil« lance cherchât à propager des maximes dange« reuses ou tendantes à troubler la tranquilité « publique; et ne voulant pas déroger aux principes « consacrés de la liberté de penser et d'écrire, arrête « que, pour les concilier tous, et afin que la respon« sabilité ne soit pas illusoire, l’auteur de ces écrits, « en vers ou en prose, sera tenu de les lire lui-même « sur les théâtres, ou d’être présent à côté de l’ac« teur qui les lira ou chantera.

« Les membres du Comité de sûreté générale. »

Une des causes qui, en 1795, avaient le privilège d'irriter, d’exaspérer la majorité du public, était l'existence du buste de Marat et de ses partisans.

En effet, à l’époque où un décret avait ordonné le transfert des restes de l’Ami du peuple au Panthéon, des bustes de ce dernier avaient été installés dans toutes les salles de spectacle, où ils figuraient des deux côtés de l’avant-scène, comme un décor patriotique. Des incidents, des conflits, des scènes violentes s’élevaient chaque soir à ce sujet, et on en trouve de nombreux récits dans les journaux du temps.

Bien souvent la proposition de jeter à bas ces bustes, qui inspiraient un sentiment d'horreur, avait