Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

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280 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

Le 31 août 1794, un désastre terrible, l'explosion des moulins et magasins à poudre de Grenelle, avait causé la mort d'un millier de victimes, et motivé la fermeture de tous les théâtres. Dès le 1° septembre, ils s’'empressèrent de donner des représentations destinées à concourir au soulagement des infortunés compris dans ce sinistre. La représentation qui eut lieu, dans ce but, au théâtre de la République, produisit 2,682 francs (1).

Pour compléter le tableau de la réaction thermidorienne au théâtre et de la surexcitation des passions vengeresses, déchaînées contre la secte des Ja-

-cobins, contre « ceux qui ont opprimé et torturé la

France », citons quelques exemples empruntés à divers théâtres.

Vingt-six jours seulement après la chute de Robespierre, le 5 fructidor an II (22 août 1794), un drame intitulé Arabelle et Vascos ou les Jacobins de Goa, par Lebrun-Tossa, et joué sur le théâtre Favart, commence la série des pièces aristophanesques, visant Robespierre et toute la secte des Jacobins. Pour qu'il

ment des bustes de Marat aux théâtres Feydeau, de la République et Montansier.

Voici comment s'exprimait le rapporteur : « La manière dont le buste de Marat a été renversé au théâtre a servi de prétexte aux agitateurs. Les uns, regardant cet homme comme un provocateur au meurtre et au pillage, prétendaient que la Convention était sous la hache du despotisme lorsqu'elle a décrété son apothéose; les autres répondaient que l'Assemblée n'avait rendu un si éclatant témoignage à Marat que parce qu'elle le regardait comme un martyr dela liberté. (Quelques applaudissements se font entendre dans une tribune.) Votre comité connaît bien le décret qui ordonne que Marat sera admis aux honneurs du Panthéon. Mais n’en connaissant aucun qui ordonne que son buste serait placé dans les théâires, il a arrêté que son buste serait enlevé de toutes les salles de spectacle. »

(Journal de Paris, du 21 pluviôse, an III [9 février 1795]). (1) Décade politique.

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