Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

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282 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

Brutus, ancien portier de maison, membre du comité. Dufour père, négociant, honnête homme persécuté, officier municipal et membre du comité, etc., etc.

C'était avec un véritable délire qu'on accueillait chaque soir des passages tels que ceux-ci :

« Dufour. — Des lois, il n’en est plus, mon fils, quand la société n’est composée que de bourreaux et de victimes. La France n'est plus qu’une immense forêt fermée de murs, habitée par des loups qui dévorent et des brebis qu'ils massacrent. »

Et encore : « L’échafaud est maintenant le champ d'honneur des talents et des vertus. »

Le dénouement, c'était naturellement l'arrestation des cinq membres du Comité, et l'officier municipal s’exprimait en ces termes :

« Gendarmes, saisissez ces misérables, et conduisez-les, affublés de leurs bonnets rouges, à la maison d'arrêt, où nous allons tous les rejoindre. Qu'ils traversent à pied, et au milieu des justes imprécations du peuple, une commune qu’ils ont baignée de sang et couverte de brigandage, jusqu’à ce que le glaive de la loi en ait purgé la terre. »

Puis, s'adressant à Dufour : « Généreux Dufour, le règne des brigands est anéanti. La justice et l’humanité les remplacent. Oubliez les persécutions dont votre intéressante famille a failli être la victime. Employez ce courage qui vous faisait braver la mort, à poursuivre la destruction totale des vampires qui ont dévasté notre patrie; etla postérité, en pleurant sur les cendres de tant de citoyens innocents, bénira leurs vengeurs. »

On a prétendu qu’un sexagénaire, incarcéré pendant toute la durée de la Terreur, avait loué une loge pour assister à toutes les représentations de la pièce, qu'il y assista en effet, se tordant de contentement sur