Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

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284 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION æ

jacobine au théâtre de la République, on y jouait, à la date du 30 octobre 1794, une comédie en un acte et en prose inspirée à Gamas (1) par le fait suivant, dont Cange, le commissionnaire de la prison SaintLazare était le héros :

« Cet homme sensible, disent Etienne et Martain« ville, s'était intéressé au sort d'un détenu plongé, « ainsi que sa famille, dans la plus affreuse détresse; il « porta 50 francs à la femme, de la part du mari, et « remit 50 francs au mari de la part de la femme, Le « bon commissionnaire ne possédait qu’un assignat « de 100 francs, etla manière noble, touchante et dé« licate dontil sut l'employer, couvrira à jamais d’op« probre ces riches insensibles dont le cœur est fermé « à la pitié et aux plus douces affections de la na« ture!

« C’est ce beau trait que l’on aime à découvrir au « milieu de cet amas de crimes et d’assassinats, qui a « fourni à l’auteur le sujet de la comédie jouée avec « le plus grand succès au théâtre dela République. »

La pièce consistait uniquement, sans autre intrigue, dans la mise à la scène du trait de générosité que nous venons d'exposer, en reproduisant le récit d’Etienne et Martainville.

À sa sortie de prison, Durand, qui a été secouru par Cange, se livre à des tirades déclamatofes bien dans le goût de l’époque, telles que celle-ci :

« Je possède un cœur pur, une âme honnête, cela se doit, je chéris la liberté avec enthousiasme; elle est l’idole de tout bon Français; ma pensée n’est point vénale, les fripons seuls en font trafic... etc. »

Verseuil, ami de Durand, s'adressant à Cange :

(1) On a prétendu que le véritable auteur était Mi: Candeille, qui aurait fait jouer sa pièce sous le nom de Gamas — Cange ou le commissionnaire de Saint-Lazare. — À Paris, chez la citoyenne Toubon, an III.