Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

PÉRIODE THERMIDORIENNE. — DIRECTOIRE 285

— Faites-nous connaître cet homme généreux ?.… — Cange (dissimulant son émotion) : Généreux! dites sensible, voilà tout.

Malgré sa tentative de dissimulation, on l'entoure, on l’acclame, on l’embrasse. C’est le tableau final.

Etienne et Martainville ajoutent : « Le vertueux « Cange assistait, avec toute sa famille, à cette re« présentation, et il fut présenté aux spectateurs at« tendris, qui lui prodiguèrent les plus vifs témoi«gnages de respect et d’admiration. »

Ces faits se trouvent, du reste, confirmés par un rapport de police relatif aux spectacies, en date du 10 brumaire an III (31 octobre 1794).

« Hier, au théâtre de la République, on a donné « la première représentation de Cange, fait historique « arrivé à la maison d’arrêt de Saint-Lazare.

« Le public à montré, par des applaudissements « réitérés, combien il est ennemi de la cruauté, de « l'oppression et ami sincère des bonnes mœurs et « de la vertu...

« Cange et son épouse assistaient à ce spectacle; le « public les a demandés, ils ont paru sur le théâtre, « aux cris redoublés de : Vive la vertu! Vive la Ré« publique! (1) »

Ce même sujet excita un tel enthousiasme qu'il fut exploité sur plusieurs théâtres : celui de la Cité-Variétés (2), des Amis de la Patrie et de l’Égalité, et celui de l’Opéra-Comique, sous ce titre : Les Détenus ou Cange, commissionnaire de Lazare, par Marsollier et d’Alayrac, joué le 18 novembre.

Quelques jours avant ces représentations, l’histoire

(1) Archives nationales.

(2) Cange ou le commissionnaire bienfesant, trait mstorique en un acte. — Prix, 20 sous. Se vend au profit du citoyen Cange, chez Plassan, libraire, rue du Cimetière-André-desArts, n° 10.