Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

286 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

de Cange, écrite en vers par Sedaine, avait été portée, le 16 octobre 1794, à la Convention, par une députation du Lycée de la Commune centrale. Le président fit cette réponse :

« Nous applaudissons à la générosité de Cange, nous aimons en lui la vertu qui le caractérise (1). »

Enfin, le portrait de Cange, gravé par P. Beljambe, fut présenté à la Convention nationale qui en accepta l'hommage.

Dans ce milieu de réaction à outrance, le théâtre Feydeau, où s'étaient réfugiés les anciens acteurs de la Comédie-Française, se trouvait tout naturellement désigné pour devenir le théâtre en vogue, à la mode, et recherché de préférence par la foule. Il eut aussi sa pièce de circonstance, inspirée également par un événement qui s'était passé sous la Terreur. Un fermier, dont le propriétaire avait péri sur l’échafaud, s'était rendu acquéreur des biens du condamné, mais pour les conserver et restituer aux enfants orphelins recueillis et cachés par lui. Ce trait touchant forme le sujet de la comédie en un acte et en prose, par Ségur Cadet, jouée le 27 ventôse an III (17 mars 179,5), sous ce titre : Le Bon Fermier.

Dans la pièce, Verseuil fils, amoureux d’Agathe, fille du fermier Morin, l'épouse. L'auteur, dans sa préface, déclare « qu'il présente aux yeux ce doux tableau pour ranimer l’amour de l'humanité si nécessaire à l’ordre social, dont il est le lien ».

Malgré la simplicité de l’action, pour laquelle l’auteur ne s'était guère mis en frais d'imagination, le succès fut très grand, et le public applaudissait, surtout, avec frénésie les tirades contre la Terreur dites

(1) Bulletin de la Convention nationale, séance du 25 vendémiaire an III. ‘