Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

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PÉRIODE THERMIDORIENNE. — DIRECTOIRE 289

ardents patriotes, là qu’ils relèvent avec transport

le plus petit trait, l’allusion la plus éloignée, fa-

vorable au républicanisme.…

« On donnait hier à ce spectacle la pièce tant courue de Robert, chef de brigands. On peut dire qu’il n’en existe point dont l’esprit soit plus conforme à notre situation politique actuelle; elle respire la vertu, mais une vertu vraiment révolutionnaire et digne des fondateurs de Rome. Elle renferme seulement deux passages, dont l’un peut être saisi par les aristocrates et l’a été en effet par un ou deux qui se trouvaient mêlés à cet auditoire patriote, et l’autre a paru exciter les scrupules et balancer l’opinion des patriotes. Le premier est celui où Robert, se disposant à combattre 3,000 hommes avec sa troupe de 300, compte assez sur l'effet du courage pour s’exposer encore à en diminuer le nombre, en donnant la liberté de se retirer à ceux qui ne se sentiraient pas assez fermes pour le combat; « seulement, dit:l, ils renonceront à leur habit militaire, et je dirai, si nous sommes vaincus, qe ce sont dés. voyageurs que nous avons dépouillés ! » Ce trait de générosité a été vivement applaudi, parce qu'il peut l'être par tous les partis ; mais j'ai entendu un aristocrate, qui n’était qu’à deux ou trois banquettes de moi, dire avec triomphe : Ah! ce ne sont pas là des enrôlements forcés!

« Citoyen, lui ai-je répondu, il est des époques pour les sociétés et des circonstances pour les hommes où nul n’a besoin d’être forcé; mais convenez que de vieux esclaves que l'on veut régénérer ont besoin d’être poussés au feu, et qu’à leur retour ils sauront bon gré à ceux qui leur auront appris à retrouver le courage dans le sein du danger, et la liberté qui en est le prix.

« Vous venez de voir, citoyen ministre, dans le

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