Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

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« théâtre de la République une exception bien glo« rieuse à la règle générale que j'avais posée sur les « grands théâtres. Celui de la rue Feydeau, qui n’eût « pas dû perdre son nom de Monsieur, en est une « confirmation amère, du moins à ce qu’il m’a semblé. « Je n'étais environné que d’imprudents ennemis non « seulement des dernières révolutions, mais de toute « révolution : même empressement qu'aux Français, «et même mauvaise foi à saisir toute allusion fa« vorable à la bassesse et à l’iniquité de leurs senti« ments; le ton léger et railleur des acteurs, toutes « les fois qu’ils rasaient quelque idée révolutionnaire, «ne donnait pas meilleure opinion d'eux que des « spectateurs...

« Il suit donc de mon rapport, citoyen ministre, « qu'il y a théâtres utiles et d’autres nuisibles. Il faut « traiter les nns à l’égal de l’aristocratie et encou« rager les autres comme on encourage le patrio « tisme (1). »

Une tragédie, en trois actes, du poète Arnault, Quintus Cincinnatus, représentée au théâtre de la République le 11 nivôse an III (1* janvier 1795), est encore une adaptation de l’antiquité aux événements politiques du moment, et une allusion à la tyrannie de Robespierre, dans le tableau d’une conspiration à Rome.

Spurius Mélius, chevalier romain, aspire à la dictature, et, pour y parvenir, fait au peuple des distributions de blé. Sa fille, une vraie Romaine, pour l’en détourner, lui dépeint l’état d’un usurpateur avec des couleurs peu flatteuses :

Le brigand couronné ne repose jamais.

(1) Schmidt, Tableaux de la Révolution française, T. II.