Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

PÉRIODE THERMIDORIENNE. — DIRECTOIRE 29t

Enfin, la pièce se termine par une allocution au peuple, pour l’engager à se défier des flatteurs :

Un peuple a ses flatteurs, sache t'en garantir! Qui flatte un peuple libre aspire à l’asservir. De ta faveur avare, enfin songe qu'un traitre, Ton idole aujourd'hui, demain sera ton maitre.

D'après l’auteur, cette pièce avait été composée sous la Terreur, pour réagir contre l'étrange aveuglement d’un peuple qui se laissait tyranniser par un pouvoir exercé en son nom. Son but était de démasquer l’'oppresseur en désabusant les opprimés. Il y avait travaillé six mois sans relâche, mais, jouée seulement après la chute de Robespierre, elle ne parut que la conséquence de l'événement qu’elle avait eu pour objet de provoquer (1).

Une autre tragédie en cinq actes, Pausanias, représentée au théâtre Feydeau, le 8 germinal an III (28 mars 1795), avait, d’après son auteur, C.-J. Trouvé (2), pour sujet le 9 Thermidor : « C’est, dit-il, le « triomphe de la justice et de l’humanité sur le bri« gandage et l’assassinat. »

Pour avoir trahi sa patrie, en acceptant les propo- . sitions des Perses, le général spartiate Pausanias est condamné à mourir de faim dans un temple de Minerve, qui lui sert de refuge et dont on a fait murer les portes.

L'auteur déclare que Pausanias est Robespierre, à cette différence près que ce dernier fut un lâche et

(4) Quintus Cincinnatus, tragédie en trois actes, représentée pour la première fois sur le théâtre de la République, le 11 nivôse an III, suivie de l’acte d’Horatius Coclès, par le citoyen Arnault, avec cette épigraphe : Impia que in medio peraguntur bella Senatu.(Lucain). A Paris, chez Mérigot Je, Quai des Augustins, 38.

(2) PR de la Gazette nationale, ou Moniteur universel .