Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

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292 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

un scélérat, tandis que Pausanias avait l'énergie du crime et mêlait de l’éclat à ses vices.

Isménie lançait à Pausanias une malédiction qui soulevait chaque soir des applaudissements enthousiastes :

Misérable assassin ! non, tu n’est plus mon fils!

Je vois tous tes complots! Bourreau de ton pays,

Tu veux par la terreur étouffer l’énergie

De quiconque oserait braver la tyrannie!

Tu crois, pour commander à des républicains,

Que toujours dans le sang il faut plonger ses mains. Mais le tien à ton tour expira tant de crimes.

Et ton supplice ira consoler tes victimes ;

Ï ne tardera pas, c’est moi qui le prédis !

Val! tu me fais horreur! traitre je te maudis!.….

La persistance des troubles, des manifestations bruyantes dans les théâtres, principalement dans celui de la République, ainsi que de l’acharnement contre l'acteur Dugazon, est attestée par le document suivant. C’est un des rapports journaliers de la police des spectacles, en date du 2 germinal an IIT (22 mars 1795) :

«... Au théâtre de la République un événement « tumultueux à obligé le public de se retirer avant « la fin du spectacle par suite des mouvements qu'y « occasionnèrent des jeunes gens qui, sous le titre « de qualification « de Terroristes et de Jacobins », « voulurent que Gaillard et Dugazon parussent sur « la scène, mais comme on vint dire qu’ils n’y étaient « pas, plusieurs s’élancèrent sur le théâtre pour faire « perquisition. Alors une quantité de jeunes gens « forcèrent l'entrée du spectacle, se répandirent dans « la salle et demandèrent que les deux artistes ne « parussent plus sur aucun théâtre, mais qu'ils pa«< russent à l'instant pour leur signifier l’ordre du