Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

PÉRIODE THERMIDORIENNE., — DIRECTOIRE 293

« peuple. On a annoncé alors qu’ils étaient à leur « section ; l’on nomma à l'instant une députation pour «aller instruire la section de la moralité de ces « citoyens. Le spectacle a fini au milieu de ce bruit. « Tous les autres théâtres ont été tranquilles (1). »

Les théâtres de Paris subirent le contre-coup de l'orage populaire qui éclata dans la journée du 42 germinal (1% avril 1795), cette journée pendant laquelle les sections des faubourgs, descendant en armes dans Paris, envahirent l'enceinte de la Convention pour se porter à la défense du dernier groupe des Montagnards : Collot d’'Herbois, Barère, BillaudVarennes et Vadier, mis en accusation.

La lutte engagée entre les forces militaires de la Convention et les sections révoltées, l’état de siège proclamé, avec toute la perturbation sociale en résultant, provoquèrent la fermeture de tous les théâtres de Paris, constatée en ces termes par le Journal du Théâtre, du 16 germinal :

« Les 12 et 13, la générale a battu; tous les citoyens ont pris les armes, et les théâtres ont fermé. »

Le théâtre de la République ne tarda pas à ressentir les effets fâcheux de la concurrence redoutable que lui faisait le théâtre Feydeau.

Aussi, malgré le succès littéraire obtenu par la nouvelle pièce‘ de Ducis, que nous avons précédemment signalée : Abufur ou la Famille Arabe, jouée le 17 avril 1795, ni le talent déployé par Talma, dans le rôle de Pharan, ni la grâce de Mi Desgarcins dans Saléma, ni le charme attrayant de M"° Petit-Vanhove, représentant Odéide, ne parvinrent à attirer et captiver bien longtemps le public, et à vaincre le courant irré-

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(1) Schmidt, T. IX, p. 306.