Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

PÉRIODE THERMIDORIENNE. — DIRECTOIRE 301

Myrrha est en proie à une sombre et inexplicable tristesse, dont la cause n’est autre que l'amour contre nature qu’elle ressent pour Cynire, son père.

Cette passion incestueuse et ses développements constituent toute la pièce. Elle a pour dénouement l’aveu arraché à Myrrha de sa fatale passion, dont elle se punit. elle-même, en se tuant.

L'auteur s’efforça, mais en vain, d’invoquer l’exemple de la Phèdre de Racine.

On comprend que le tableau d’une fille « brûlant d'une flamme criminelle » pour son père, suivant le style de l’époque, n’était assurément pas de nature à faire naître un succès au théâtre.

Cependant, le public, reconnaissant certaines qualités dans ce cadre ingrat, crut devoir donner quelques encouragements à l'auteur, en réclamant son nom avec insistance, à la première représentation (1).

III

Le Directoire succédant à la Convention, et institué le 27 octobre 1795, se préoccupa des excès, des débordements de la réaction dans les théâtres, et, pour y mettre un frein, rendit un arrêté, à la date du

(1) Le nom de l’auteur, d'après un usage constant, n’était réclamé par les spectateurs et prononcé sur la scène qu’en cas de succès de la pièce.

Cet insuccès dramatique, constaté dans la Gazette nationale du 9 nivôse, et suivi de plusieurs autres, n'empêcha pas Souriguières de se décerner naïvement, dans ses préfaces, Les

lus pompeux éloges; ce qui lui attira l’épigramme suivante : S pis

Tu souris à tes vers, mon pauvre Souriguières, Mais quand, tu leur souris, on ne leur sourit sure / EEK

AK