Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

302 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

18 nivôse an IV (4 janvier 1796), défendant expressément de chanter ou faire chanter « l'air homicide du Réveil du peuple ».

Mais, par contre, tous les directeurs, entrepreneurs et propriétaires de spectacles de Paris étaient tenus, sous leur responsabilité individuelle, de faire jouer, chaque jour, par leur orchestre, avant le lever de la toile, les airs chers aux républicains, tels que : la Marseillaise, Ça ira, Veillons au salut de l'Empire (1), le Chant du Départ, la Carmagnole, etc.

Dans l'intervalle des deux pièces on devait toujours chanter l’Hymne des Marseillais, ou quelques autres chants patriotiques et républicains (2).

Toutefois, ils n'étaient pas précisément accueillis avec enthousiasme, ni même sans protestations par les spectateurs, ainsi que nous allons pouvoir en juger.

Voici quelle était la situation théâtrale en 1796 (3).

(1) Ce chant fut composé, non sous l'Empire, comme on pourraitle supposer par son titre, mais bien, en 1791, par Roy, qui l’adapta à un morceau de Renaud d’Ast, opéra alors très populaire. Il commence ainsi :

Veillons au salut de l'Empire, Veillons au maintien de nos droits! Si le despotisme conspire, Conspirons la perte des rois.

L'expression Empire a été substituée au mot nation pour les besoins de la mesure et de la rime.

(2) Un de ces chants révolutionnaires, composé par Delrieu, contenait cette stance :

Quels accents! quels transports! partout la gaieté brille. La France n'est-elle plus qu'une même famille ?

Nous ne reconnaissons, en détestant les rois,

Que l'amour des vertus et l'empire des lois.

(3) C'est de l’année 1796, que date l'établissement du droit des pauvres, prélevé sur le produit des représentations théâtrales, par un arrêté du directoire exécutif du 29 frimaire