Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

LR ES

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Un appel pressant dans ce sens avait même été adressé à leurs anciens camarades, collectivement par elle et les comédiens qu’elle dirigeait, notamment : Larive, Saint-Prix, Saint-Fal, Naudet, Dupont, Ms Joly, Fleury, Thénard, Mézeray, Simon.

Telle était sa confiance dans le résultat de cette démarche et dans une restauration complète de l’ancien Théâtre-Français, qu’elle avait poussé l'attention et la prévoyance jusqu’à réserver, dans la distribution intérieure de son nouveau théâtre, plusieurs loges portant les noms des acteurs auxquels elles étaient destinées, tels que : Fleury, Talma, Dazincourt, Dugazon, etc.

Cependant, sa combinaison ayant échoué, elle en fut réduite à faire, sans leur concours, à la date du 9 nivôse an V (15 août 1796), l'ouverture du théâtre Louvois, avec Iphigénie et les Deux Sœurs (1), impromptu allégorique, par Laya, semé d’allusions assez mordantes sur la division régnant entre les deux fractions de l’ancien Théâtre-Krançais.

On vit aussi se produire assez brillamment sur cette scène, Picard, l’auteur-acteur, Picard qui fut successivement et simultanément parfois, auteur dramatique, comédien, directeur de théâtre, académicien, mais surtout homme d'esprit toujours.

Il avait débuté dans la carrière d'auteur dramatique par l'opéra des Visitandines, qui fut joué la veille du 16 août. La vogue de cet opéra traversa, sans faiblir, toute la période révolutionnaire.

Ce fut même souvent sur les airs très populaires de Devienne, auteur de la partition des Visitandines,

des gloires tragiques du Théâtre-Français, et mourut le 15 jan vier 1815, à l’âge de 59 ans. Le clergé de Saint-Roch ayant refusé l'entrée de l’église, la multitude enfonça les portes du sanc-

uaire et accompagna le convoi au Père-Lachaise.

(1) Ces deux sœurs étaient Thalie et Melpomène.