Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

PÉRIODE THERMIDORIENNE. — DIRECTOIRE 305

que les victimes de la Terreur s’acheminèrent vers la guillotine.

La concurrence régnait vive et ardente entre les trois scènes rivales, vouées à des genres similaires.

Toutefois la palme revenait toujours au théâtre Feydeau, considéré, quand même, comme le véritable Théâtre-Français, dépositaire du grand art dramatique. Molé en était le doyen. Il avait été reçu dans la société à part entière, en mars 1763, après seulement un an passé comme pensionnaire. Il était également membre de l’Institut.

C’est la Convention qui avait créé l’Institut, corps national chargé « de perfectionner les arts et les sciences »; et, parmi les arts, on n’oublia pas celui du comédien.

Sur le rapport de Daunou, une place fut réservée dans cette cour plénière des talents français, « à celui « qui recrée les chefs-d’œuvre du théâtre en leur don« nant l’âme du geste, du regard et de la voix, et qui « achève ainsi Corneille et Voltaire. »

La première séance de l’Institut fut tenuele 15 germinal an IV.

Avaient été nommés membres titulaires (3° classe, littérature et beaux-arts) : Molé, Préville, Boutet de Monvel et Grandmesnil. Larive était membre correspondant (1).

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(1) Talma brigua aussi l'honneur d'occuper également un siège sous la coupole de l’Institut. A la mort d'Esménard, survenue le 25 juin 1811, il adressa, en effet, à son ami, l’auteur de la Mort de Henri IV et d'Epicharis et Néron, tragédies dontil avait été le brillant interprète, la lettre suivante, posant une candidature qui lui aurait été suggérée par Legourvé luimême :

« Mon cher ami Legouvé,

« Je te remercie de l’idée obligeante et honorable que tu as eue de me proposer à l’Institut en remplacement de M. Esmé-