Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

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308 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

Le Ministre de la police générale au général en chef de l’armée de l'intérieur.

Paris, 2 ventôse an IVe.

« Je suis informé, général, que les chouans se «sont aujourd'hui donné rendez-vous au théâtre « de la rue Feydeau et qu’ils doivent ÿ causer du « trouble. Sans doute leurs vains projets échoueront « devant l'énergie des républicains ; mais s’ils osaient « faire quelques tentatives contre l’ordre public, il «est bon qu’aussitôt elles soient réprimées. Je vous « invite donc à faire placer vers les six ou sept heures « du soir un piquet de dragons dans les avenues de « ce théâtre. Je ne doute pas que le seul aspect de « ces défenseurs de la liberté ne réduise le royalisme « au silence et prévienne ainsi tout désordre.

« Salut et fraternité.

«& MERLIN. »

Il est à supposer néanmoins que, malgré toutes ces mesures, toutes ces dispositions préventives et répressives, les manifestations persistèrent au théâtre Feydeau, car, peu de jours après ces dernières instructions, les comédiens étaient condamnés à faire relâche pendant un mois où le théâtre resterait fermé.

Le motif invoqué était que les spectateurs sifflaient les airs patriotiques chantés par ordre, et aussi parce que les ouvreuses blessaient les oreilles des patriotes, en les appelant monsieur au lieu de citoyen (1).

(1) Cette mesure de rigueur fut prise par un arrêté du Direc toire exécutif, en date du 8 ventôse, prononçant la clôture :

1° D'un club d'anarchistes: — 2 d’une taverne; — 3° d’une maison de jeu; — 4° d’un cabaret; — 5% de l'église de SaintAndré; — 6e enfin du théâtre de la rue Fevdeau.

La réouverture de ce théâtre eut lieu le 13 germinal, après