Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

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396 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

forme primitive du Paradis terrestre; avec lui triomphent tous les propriétaires réhabilités. Puis le serpent, débarrassé de ses lunettes, qui seules lui faisaient voir les choses dans un faux jour, vient à résipiscence, confesse ses erreurs et enfin se réconcilie avec celui qu'il a si étrangement persécuté.

Le serpent, Adam et Eve réunis forment un groupe, et Eve adresse au public cé couplet final :

Pour une pomme à nos yeux présentée,

Du Paradis méconnaissant la loi,

Par le serpent je fus un jour tentée.

Ah! laissez-vous, Mesieurs, tenter par moi; Vous me devez l’appui que je réclame,

Eve s'adresse à tous ses descendants,

Vous, les enfants de la première femme, Conduisez-vous comme de bons enfants!

Ajoutons en terminant, pour donner à cette représentation le dernier trait de couleur vraie et de réalisme qui la distinguent, qu’au premier acte, celui du Paradis terrestre, une actrice d’une beauté accomplie, Mr: Octave,sous un aspect tout édénique, d’une simplicité absolument conforme à la pure et primitive tradition biblique, personnifiait, avec un grand attrait de séduction, la blonde mère du genre humain (1).

Son succès était surtout très vif quand elle détaillait les couplets suivants :

J'ai des ombrages charmants,

Des zéphirs qui me caressent.

J'ai des fleurs qui pour moi naissent Dans un éternel printemps.

(1) Dans La Propriété, c'est le vol, cette incroyable personnalité, Eve, s’exhibait dev au tout Paris, dans un costume qui sentait fort son Paradis terrestre ; et tous les théâtres parodiaient à l'envi la pièce, pour avoir l'occasion de montrer les mieux faites de leurs Eves.

(V. Hallays-Dabot. Histoire de la censure théâtrale en France.)