Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

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398 LE THÉ3TRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

les citoyens de la République de 1848 n’avaient pas moins que leurs devanciers dela République d'Athènes, ce culte fervent et passionné de la beauté, de la perfection de la forme plastique, qui avait jadis autorisé l’exhibition, sans voiles, de la célèbre courtisane de Thespies, la belle Phryné, devant le grave aréopage athénien.

Mais ce qui révèle, dans ce factum allégorique et satirique, la souplesse et la promptitude avec lesquelles le théâtre se pliait aux événements du jour, c'est une variante improvisée et introduite entre la première représentation et la publication de la pièce.

C'était douze jours seulement avant l’élection présidentielle du 10 décembre qu'avait lieu la première représentation. Une vive préoccupation, on s’en souvient, pesait alors sur tous les esprits. Quel allait être l'élu du suffrage universel, le président appelé à diriger les destinées de la nouvelle République et de la France? C'était l’idée exclusive, absorbante du moment. Le deuxième tableau de la pièce se passait, par anticipation, quatre ans plus tard, en 1852.

Un domestique, dépliant un journal, y lisait ces mots :

« Le nouveau président de la République... » Alors s’interrompant :

« Je regrette l’ancien... le premier que nous « avons nommé en 1848, un bien brave homme! »

Pendant quatre ans il présida la France.

C'était un grand... Un grand ?.. Etait-il grand? Qu'importe ! on connait sa vaillance..….

Sa vaillance ?.… Etait-il vaillant?

Qu'importe! on connait son talent.

Mais quel talent avait cette âme forte? Qu'importe encore! Ce grand brun nous guidait. Etait-il brun?.:. Etait-il blond? Qu'importe!

Ce que je sais c’est qu'il nous présidait.